Le Palais de la découverte au cœur de vents contraires

Fermé depuis 2020 pour restauration, le Palais de la découverte devait rouvrir ses portes temporairement le 11 juin, avant une réouverture totale en 2026. Tandis que le retard des travaux a contraint de décaler la pré-ouverture au 20 juin, une série d’annonces récentes inquiètent les équipes. Une pétition, signée par plus de 65 000 personnes à l’heure où nous écrivons ces lignes, explique qu’en octobre 2024, « une réduction de la surface attribuée au Palais de la découverte au sein du Grand Palais (a été) annoncée ; puis (est paru) un démenti brutal du ministère de la Culture concernant la pré-ouverture en juin 2025 ». « Les déclarations du président du Grand Palais, Didier Fusillier, suggérant de déplacer le Palais de la découverte à la Cité des sciences et de l’industrie, ainsi que l’annonce dans Le Parisien, par la ministre de la Culture, du lancement d’une mission interrogeant “le modèle économique et l’emprise bâtimentaire d’Universcience” » préoccupent particulièrement les salariés. Le Palais de la découverte pourra-t-il rouvrir au sein du Palais d’Antin (accolé au Grand Palais côté nord) qui l’accueille depuis 1937 ? Sur France Culture le 7 juin, Didier Fusillier affirmait : « Le monde a changé. Il y a aussi d’autres visions des sciences, d’autres façons de faire, de coproduction (...). On peut imaginer un partenariat avec Universcience, qui permette de garder quand même un Grand Palais unifié. » À ces mots, le sang de Taos Aït Si Slimane n’a fait qu’un tour. La médiatrice scientifique d’Universcience réagit auprès de L’Hebdo : « On sait ce qu’est l’innovation, nous travaillons quotidiennement avec des chercheurs à la pointe sur ce sujet. Mais nous sommes aussi attachés à l’histoire : quel arbre peut fleurir sans racines ? » Par ailleurs, quel est le signal envoyé par le limogeage, le 12 juin par Emmanuel Macron, de Bruno Maquart, président de l’établissement public Universcience (qui réunit Palais de la découverte et Cité des sciences et de l’industrie) ? Le 18 juin, une cinquantaine de chercheurs et responsables d’institutions internationaux signaient une tribune dans Le Monde demandant aux autorités concernées de « garantir l’avenir du Palais de la découverte, de s’assurer qu’il demeure dans son lieu historique du Palais d’Antin », tandis que le lendemain dans Le Parisien, le ministre de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste se déclarait « favorable » à son maintien au sein du Grand Palais. « C’est un écran de fumée pour tenter de nous calmer », ironise Taos Aït Si Slimane, qui n’y voit qu’une manœuvre politique. Jeudi soir, ils étaient plusieurs collègues à manifester autour du Palais de la découverte, et prévoyaient de poursuivre le mouvement les jours suivants. Contacté à plusieurs reprises, le ministère de la Culture n’a pas donné suite à nos questions sur le sujet.